La Chine vire de prêteur à usurier dans les pays en développement

Pour les pays les plus pauvres du monde, Pékin est passé du statut de partenaire d’investissement à celui de créancier inflexible.
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Des ouvriers routiers sri-lankais travaillent le long d’une route à Colombo le 5 août 2018. Le 3 août, la Banque centrale du Sri Lanka a annoncé avoir obtenu un prêt chinois d’un milliard de dollars, alors que l’île — maillon important de l’ambitieuse initiative chinoise de la « nouvelle route de la soie » — approfondissait ses relations avec la plus grande économie d’Asie qui vise à renforcer son influence géopolitique. (Lakruwan Wanniarachchi / AFP via Getty Images)
Von 28 octobre 2025

Au début des années 2000, la Chine jouait un rôle modeste en tant que prêteur mondial. Mais grâce à son titanesque programme « Initiative Ceinture et Route » (ICR), souvent qualifié de « nouvelle route de la soie », Pékin s’est mis à financer la construction de nombreuses infrastructures de transport, d’énergie et de télécommunications, principalement dans les pays en développement, présentant ces projets comme une « coopération gagnant-gagnant ».

Vingt ans plus tard, en 2025, pour de nombreux pays parmi les plus pauvres, le régime chinois ne ressemble plus à un partenaire, mais à un collecteur de dettes implacable frappant à la porte.

D’un prêteur à un créancier dominant

L’ascension de la Chine au rang de grand financier mondial du développement a été rapide, c’est le moins qu’on puisse dire. Au milieu des années 2010, elle avait considérablement intensifié ses activités, devenant la principale source de nouveaux crédits bilatéraux accordés aux nations en développement. À son apogée, les prêts chinois à l’étranger dépassaient le total combiné des prêts officiels du FMI, de la Banque mondiale et des créanciers du Club de Paris.

En 2023, la Chine était devenue le premier créancier bilatéral de plus de 50 pays et détenait environ 26 % de l’ensemble de la dette extérieure bilatérale des pays en développement. Dans les économies les plus fragiles, cette part était encore plus élevée.

2025 : un « raz-de-marée » de dettes dues

Mais avec le déclin continu de ses conditions économiques internes — conséquence durable des confinements liés au Covid-19, de la perte d’investissements directs étrangers et des politiques commerciales de l’administration Trump —, l’attitude de la Chine envers ses débiteurs s’est durcie. L’impact sur les pays en développement est considérable.

En 2025, ces pays devraient verser 35 milliards de dollars en remboursements de dette à la Chine, dont environ 22 milliards provenant de 75 des nations les plus pauvres du monde.

Le point crucial est que ces obligations de remboursement dépassent désormais les nouveaux prêts. Les pays en développement remboursent davantage à leurs créanciers chinois qu’ils n’empruntent. Une étude récente estime un flux net négatif de 3,9 milliards de dollars par an en faveur des créanciers chinois.

En bref, la Chine est passée du rôle de fournisseur de capitaux aux nations pauvres à celui d’aspirateur de capitaux, laissant les pays emprunteurs dans une impasse budgétaire.

Des conditions de prêt dignes d’un usurier

Bien sûr, la clé de tout prêt réside dans ses conditions, et la structure des prêts chinois joue largement en faveur de Pékin.

Selon une étude récente du Lowy Institute, ces prêts comportaient souvent de courtes périodes de grâce (de 3 à 5 ans) et des maturités de 15 à 20 ans. Ces périodes arrivant maintenant à expiration, de nombreux pays entrent dans la phase de remboursement alors que les taux d’intérêt mondiaux élevés et les pressions sur les prix des matières premières les frappent de plein fouet.

Pour aggraver encore la situation, les nouveaux engagements de prêts chinois se sont effondrés. Cela signifie moins de fonds entrants pour financer le développement, rendant les remboursements encore plus lourds.

De plus, les prêteurs soutenus par l’État chinois se procurent souvent des droits prioritaires sur les flux de trésorerie — en canalisant, par exemple, les revenus des exportations de matières premières vers des comptes séquestrés, ou en exigeant des garanties qui les placent en première ligne pour capter les recettes en devises étrangères des pays en développement.

En réalité, environ 60 % du portefeuille de prêts étrangers de la Chine est désormais détenu par des emprunteurs en difficulté — des pays déjà confrontés à des problèmes de paiement, à des défauts ou à des restructurations.

Cela montre que le modèle d’« aide étrangère » de la Chine est en réalité un processus de recouvrement extractif plutôt qu’un modèle de développement solidaire. En conséquence, le contrôle exercé par l’État-parti chinois sur les flux financiers de ses débiteurs transforme son aide en mécanisme d’exécution et de recouvrement imposé aux nations les plus vulnérables.

Le véritable coût des prêts chinois

Pour bon nombre de ces pays, le fardeau est lourd. Certains versent à la Chine jusqu’à un quart de leur budget total consacré au service de la dette, davantage que ce qu’ils paient aux institutions multilatérales ou aux créanciers privés.

Au cours des cinquante dernières années, aucun autre créancier bilatéral n’a détenu un pouvoir financier aussi important sur autant de nations.

Sous de telles conditions coercitives, Pékin détient un contrôle effectif sur les finances de ces nations. À mesure que les paiements vers la Chine augmentent, les pays sont obligés de faire des compromis douloureux : réduire les dépenses de santé, d’éducation, de programmes climatiques, ou encore augmenter les impôts pour faire face à la charge. Cela mine l’élan du développement et accroît la fragilité budgétaire.

Capter les ressources des pays pauvres

Le ciblage par la Chine de nations faiblement développées mais riches en ressources n’a rien d’un hasard.

Des pays comme la République démocratique du Congo, l’Indonésie ou le Brésil, dont les exportations dépendent fortement des cycles du commerce mondial, sont lourdement endettés envers la Chine. D’autres — tels que le Pakistan, la Mongolie ou le Kazakhstan —, voisins ou partenaires stratégiques de Pékin, continuent de bénéficier d’investissements ou de prêts ciblés, même alors que l’ensemble des prêts chinois diminue.

Les petits pays pauvres ayant massivement emprunté au milieu des années 2010, à l’époque où le crédit chinois était abondant, sont désormais des débiteurs captifs de Pékin, surtout à mesure que l’aide et le soutien commercial occidentaux s’amenuisent.

Le recul de l’aide occidentale et un monde déséquilibré

Le problème est aggravé par le fait que de nombreux gouvernements occidentaux se recentrent sur leurs priorités intérieures, réduisant leur aide ou réorientant leurs budgets vers la défense.

Ces changements de cap laissent aux pays en développement moins de prêteurs alternatifs capables d’offrir des conditions souples ou concessionnelles. Ainsi, même avec une certaine résistance, les nations endettées sont forcées d’accepter des termes qui favorisent fortement la Chine.

L’étude du Lowy Institute souligne que l’effet géopolitique majeur est un affaiblissement de la capacité de l’Occident à contrebalancer l’influence financière de Pékin, laissant la Chine combler le vide.

Si cette tendance se poursuit, le monde risque de voir de nombreuses nations pauvres demeurer perpétuellement liées à l’orbite financière d’une seule grande puissance.
On peut imaginer que les BRICS, ou un autre bloc financier dirigé par la Chine, fassent progressivement basculer le commerce mondial et le règlement des dettes vers le yuan, laissant les pays les plus faibles sans autre choix que d’emprunter auprès de la Chine ou d’en dépendre.

Pour ces nations, Pékin deviendrait en quelque sorte un seigneur féodal de facto, entraînant une perte de pouvoir de négociation et une grande part de leur autonomie.

À l’avenir, les pays cherchant un allègement ou une restructuration de leur dette auprès de la Chine devront s’y prendre non pas par la voie diplomatique, mais comme s’ils quémandaient la clémence d’un collecteur de dettes impitoyable — un scénario d’autant plus probable que l’économie chinoise connaît ses propres difficultés.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.



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