Pourquoi le milliardaire Stérin a baptisé sa holding du nom d’un des journalistes de l’Humanité

« Pied de nez » ou « intimidation »? Le milliardaire conservateur Pierre-Édouard Stérin a donné à sa holding de tête le nom du journaliste de L’Humanité qui enquête sur lui, une décision que le quotidien a dénoncée vendredi comme une « intimidation ».

« Lemahieu Holding », tel est le nouveau nom de la structure principale de Pierre-Édouard Stérin, rapporte L’Humanité. Le journal précise que l’homme d’affaires « s’approprie le patronyme de notre collègue Thomas Lemahieu, qui a publié dans ces colonnes de nombreuses révélations sur ses visées ». Selon le quotidien, cette société, domiciliée en Belgique, constitue la holding de tête de l’ensemble des activités de M. Stérin.

Contacté par l’AFP, le fonds d’investissement de l’homme d’affaires, Otium Capital, a répondu : « Nous n’avons pas de commentaire à faire. »

La moquerie revendiquée par courriel

Thomas Lemahieu affirme avoir découvert l’existence de cette dénomination le 10 août, en consultant des documents liés aux sociétés du milliardaire. « Je me suis demandé si je n’avais pas la berlue, si ce n’était pas une forme d’hallucination », a-t-il raconté.

Le journaliste indique avoir ensuite reçu un courriel de M. Stérin, fin août. Celui-ci y écrivait : « Cher Monsieur, j’ai été très sensible à la très grande attention que vous avez bien voulu porter à mes activités sur les dernières années. Je suis certain que vous apprécierez en retour le nom que j’ai donné à ma holding de tête. » Le texte de ce message a été reproduit dans L’Humanité, mais l’AFP n’a pas pu le consulter.

Indignations

Pour Fabien Gay, directeur du quotidien, cette démarche constitue « une provocation inacceptable, voire une tentative d’intimidation ». Thomas Lemahieu lui-même se dit préoccupé : « Je ne sais pas si c’est un pied de nez ou une forme d’intimidation, mais c’est un ciblage, ça me met en avant personnellement, donc c’est potentiellement dangereux et je ne prends pas ça à la légère. »

Le SNJ, dont le journaliste est délégué syndical, a également réagi. Dans un communiqué, le syndicat estime que « pointer ainsi nommément un journaliste (…), c’est très sérieux ».

Avec AFP